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PATRICK A LA MONTAGNE. PATRICK A LA MER


4h30
Patrick comprit que cette nuit encore il ne dormirait pas.
Pas plus que les nuits précédentes.
Telle une toupie, il tournait et se retournait dans son lit.
Sa vie défilait en une suite de souvenirs confus qu'il ne pouvait contrôler.
Et ce satané vieux réveil qui faisait un tic-tac d'enfer, l'horripilait. Il devait s'en débarrasser depuis longtemps, mais n'arrivait jamais à s'y résoudre, tant il détestait jeter les choses qui pouvaient encore bien servir.
Des reflexes et des comportements des années 70, où les maîtres mots étaient, décroissance, peace and love, libertad. Ces belles années de joie où il circulait dans sa vieille 2CV décapotée, ses longs cheveux flottant au vent, ses chemises à fleurs et ses pantalons pattes d'éph' qui séduisaient toutes les jolies auto-stoppeuses rencontrées sur sa route.
Elles devenaient toutes émoustillées, quand Patrick leur répondait:
yes I 'm going to Saint-tropez !
Elles étaient si belles, si douces et si consentantes, et ne demandaient qu'à faire lui donner du plaisir.

5h.
Trop de pensées se bousculaient maintenant dans sa tête, des amis trop tôt disparus, un mal être permanent, des tourments, des fièvres, de mauvaises analyses sanguines.
Il réalisait au cours de ses nuits sans sommeil, des recettes qu'il avait tant de plaisir à transmettre à son entourage. Des pâtés, des saucisses, des confiseries, des conserves, le tout provenant exclusivement de son terroir.
Son épouse se désolait de tout ce gras, ces éclaboussures sur les murs, toutes ces miettes, ces casseroles et plats noircis, et n'avait de cesse que tout ne redevienne rutilant, bien astiqué et bien briqué.
Patrick n'en avait cure et continuait inlassablement de frire, cuire, ébouillanter, brider, et rissoler.

Le réveil indiquait 5h20.
Un pâle rayon de lumière commençait à s'accrocher aux voilages.
Il tentait de suivre les conseils d'une amie sophrologue: respire profondément et lentement, chasse les mauvaises pensées, visualise des champs de fleurs dans lesquels s'ébattraient de jolies jeunes filles semblables à ces fillettes nubiles que David Hamilton a immortalisées à tout jamais.
Mais rien de tout cela ne favorisait l'endormissement, rien.
Il aurait pourtant été facile d'envoyer la main vers la boîte de Lexomil, mais Patrick avait lu les effets indésirables et cela l'inquiétait.
Un timide rayon de clarté transperçait maintenant la douce pénombre.

5h30.
Pendant que Patrick s'enfonçait dans une douce torpeur, des souvenirs plus lointains encore le plongèrent dans un nuage de coton blanc, blanc comme la neige, de gros flocons si gros, si doux, les flocons de sa belle enfance à la montagne .
Oh ! la délicieuse odeur qui parvient maintenant à ses narines.
Le voilà redevenu ce petit garçon qui doit braver l'intempérie pour se rendre à son école, il a si froid aux cuisses dans son petit pantalon trop léger, ses chaussures de cuir prennent l'eau, il tape l'un contre l'autre ses petits pieds gelés.
Il revoit bien cette rue de G... cet atelier de cuisine où il s'arrêtait tous les matins, qui sentait si bon et où il pouvait réchauffer ses mains glacées.
La patronne lui disait souvent:
"Tu en veux un, de tourton, mon petit Patrick ?
- Oh oui ! Madame ! répondait-il avec bonheur, je le garderai jusqu'à la récréation de 10 heures.

Et il se régalait d'avance, se voyait déjà croquer le chausson tiède et doré, que les bons chrétiens appellent aussi le "coussin de Jésus"
Patrick dormait maintenant et rêvait. Il revoyait les grandes friteuses ou bouillonnaient les carrés de pâte farcis à la purée, au fromage, aux pommes en dégageant des vapeurs et des brumes si odorantes.
Il aurait aimé rester là tout le jour, dans cette moiteur, à regarder la jolie dame toujours souriante qui agitait ses mains et son corps comme si elle exécutait une danse, un ballet. Elle égouttait les tourtons avec son écumoire, puis les posait sur un papier sulfurisé et puis vite en replongeait d'autres dans la friture bouillonnante.
Elle était jolie la dame des tourtons, avec son tablier en broderie anglaise blanche et ses bras roses qui s'agitaient, qui s'agitaient.....
Le sommeil de Patrick devenait de plus en plus profond.
Il rêvait.
La belle dame des tourtons était maintenant tout près et penchait sa tête vers lui.
Il ne la reconnut pas tout de suite. Elle était toute nimbée de lumière et portait un chapeau pointu d'où s'échappaient des fils d'or. Une fée peut-être ? La fée des tourtons ? Elle se mit à parler:
- Patrick, mon enfant, m'entends-tu ?
- Oui, Madame.
- La veux-tu la recette des tourtons ?
- Oh oui Madame, j'attends depuis si longtemps.
- Alors je vais te la donner, écoute bien, c'est la vraie, l'authentique, tu pourras la transmettre à ta descendance. Mais il te faudra acquérir un bon savoir-faire. Cette recette que tu as tant attendu, me vient de ma mère qui l'avait eu de sa mère à elle.
- Et vous madame, vous n'avez jamais eu d'enfant ?
- Non, mon petit Patrick, c'est un peu toi mon enfant
- Maintenant écoute moi bien
:
Pour en faire 80 ou 100, il te faudra aller voir le meunier et lui demander
1kg de farine
Puis tu iras à la ferme et tu demanderas
200 gr de beurre un peu d'Astra tiède (!) et 2 oeufs.
Tu mettras
du sel, de l'eau tiède et tu pétriras le tout.
La pâte devra être souple, et s'il le faut tu rajouteras de l'eau tiède
Tu laisseras reposer au moins 2 heures.
Tu étendras finement en grands carrés ou rectangles, en veillant à ce que la pâte ne colle pas.
Pendant le repos de la pâte, tu auras fait frire dans l'huile,
des poireaux émincés vert ou blanc peu importe.
Tu auras fait cuire
des pomme de terre, puis les aura écrasés, puis mélangés avec les poireaux et l'huile qui en aura pris le parfum.
Il te suffira de poser des petits tas de cette pâte en rangées régulières sur la feuille de pâte, puis de recouvrir avec une autre feuile.
Tu appuieras fermement du tranchant de la main pour faire tes rangées, puis tu pourras utiliser la roulette pour découper en jolis carrés.
C'est le principe des raviolis que l'on fabrique dans les pays chauds, mais tu les connaîtras un jour, toi aussi.
Tu plongeras tes petits coussins dans une belle friture, et tu veilleras à ce qu'ils soient à peine dorés.
Rappelle toi, mon enfant, que j'en faisais aussi aux épinards, au fromage, aux pruneaux, à la confiture.


Lorsque Patrick se réveilla 10 heures et quelques plus tard, il sut seulement qu'il avait très bien dormi et qu'il se sentait enfin heureux.




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Après ce petit récit intitulé "Petit Patrick à la montagne qui se les gèle" voici:
"Patrick II ou divagation sentimentale dans la cité corsaire"

1er Episode:

L'auto, petite mais bien vaillante encore (c'était une AX Citroën de l'an pèbre) peinait dans les derniers virages des Maures en direction de la Garde-Freinet.
La nuit n'était pas complètement dissipée, le jour pointait au travers des chênes et des pins maritimes étalés en couches successives à peine visibles dans la brume matinale.
Patrick, après une longue nuit d'insomnie et de tourments, avait subitement décidé de sauter dans sa petite voiture et foncer en direction de Saint-Tropez où il avait passé les plus belles années de son enfance. Il avait pris juste le temps de jeter dans une glacière, un petit casse-croûte constitué de ses propres préparations culinaires. Deux tranches de pain aux céréales, une petite caillette, une tranche de poitrine roulée, un peu de broussin et un petit pot d'aubergines, à l'huile d'olive bien sûr. Il avait aussi sorti du congélateur le dernier morceau du gâteau pascal qui avait tant ravi ses invités.
Il s'était dit qu'il s'offrirait le luxe de ripailler tout seul sur la plage de Pampelonne, à côté du club 55 le restaurant de la jet set et avait emporté à cette intention une chaise pliante, une petite table de camping et une nappe à motifs provençaux pour faire joli.
Il serait donc le seul et unique " people et jetsetteur " hivernal.
Il voulait revoir la plage des Graniers, les Canoubiers, le chemin de Ste Anne, et le quartier où il avait vécu avec tant de bonheur.
Il voulait tenter de retrouver ses coins de cèpes, de girolles, de trompettes de morts, et voulait vérifier aussi que les promoteurs n'aient pas tout détruit aux alentours.
Il voulait revoir l'emplacement de son ancien collège, mais voulait surtout revoir les barques et les pointus du port de pêche, les vieux pêcheurs aux visages burinés toujours en train de blaguer sur le célèbre banc des menteurs.
Il n'avait pas voulu passer par la Garde Freinet, il ne voulait pas voir les bouquets de fleurs accrochés à la barrière métallique où des collègues pompiers avaient trouvé la mort en tombant avec leur camion dans le ravin en contrebas. L'enquête n'a d'ailleurs toujours pas abouti, quant aux causes de cet accident.
L'autre route qui passait par Sainte Maxime étant quasiment embouteillée en permanence, une précédente tentative l'avait d'ailleurs obligé à rebrousser chemin, il s'était donc résolu à passer par cette petite route que personne ne prenait jamais 20 ou 30 ans auparavant. Maintenant ce n'était que camions, autobus, camping cars poussifs, motos et puissants véhicules qui vous pousseraient dans le fossé s'ils le pouvaient.
Ayant traversé le petit village de la Garde Freinet à peine habité quelques années auparavant, la voiture fonçait maintenant dans la descente en direction de Grimaud et la mer.

Le soleil se levait doucement à l'horizon, le ciel devenait d'un bleu éclatant, mais il faisait bien froid: " oh ! qu'acos béu, vé, on dirait que le mistral va se lever " se dit Patrick " alors la photo que je veux faire n'en sera que plus belle. Il faut absolument que j'arrive à la prendre depuis la chapelle Sainte Anne, avec les pins, le village de San Troupès et son clocher ocre et jaune sur fond de mer bleu marine, avec pour toile de fond les alpes enneigés " Et puis: "es nourmau que fague frei en iver"




Le voilà maintenant arrivé à bon "parking du port"
Il n'y a pas grand monde en ce mois de février. L'entrée de la caserne des pompiers est fermée par un rideau métallique . Il s'y serait bien arrêté pour saluer ses anciens collègues.
A 3 pas de là, la Poste, le poumon de la ville, le coeur de saint Tropez, le centre de toutes les informations, cancans et potins, en pleine effervescence. Le camion du courrier déverse ses containers de lettres et colis que les facteurs pressés font rouler en riant et en racontant des blagues salaces.
C'est qu'ils sont rudement pressés les facteurs, car après la tournée rapidement expédiée, ils attaqueront la 2ème journée de travail, celle qui apporte bien du beurre dans les épinards: tailleurs de haies des richissimes propriétaires absents, nettoyeurs de piscines, tondeurs de gazon et ramasseurs de feuilles mortes.
Les pas de notre pèlerin le guident maintenant vers le port où il découvre avec effroi les énormes yachts qui bouchent la vue et défigurent le paysage. Des bronze-cul de riches avec piste d'atterrisage pour hélico, et piscine intérieure.
Quelle horreur !
Il fait le tour du port, en direction des modestes embarcations. La tartane est amarrée là, mais en piteux état. Arriveront-ils à la remettre sur pied, cet unique exemplaire en méditerranée, cette fierté tropézienne ?

" Sus vouastre pouchu, se sabès que lou capien es davans, l'arjau darnié e lei rèm à l'escaume, parlas un pau prouvençau. Mai aquéu que parlo d'étrave, de safran, d'aviron et de dame de nage, s'amerito pas d'embarca "

"Sur votre pointu, si vous savez que le capien est à l'avant, l'arjau à l'arrière et les rèm à l'escaume, vous parlez un peu provencal. En revanche, celui qui parle d'étrave, de safran, d'aviron et de dame nage, ne mérite pas d'embarquer"

2 ou 3 places d'appontement sont vides. Quelques courageux pêcheurs qui seraient donc sortis ?
Patrick décide de les attendre en prenant un café au bout de la jetée.
Touf ! touf ! touf ! en voilà un qui arrive. " ce n'est quand même pas le père Jouan , il doit être mort maintenant, ça doit être son fils ou son petit fils. Ben dis donc ! il n'y a pas grand chose dans les filets, à peine 2 ou 3 dorades et quelques rougets, ça lui fera juste de quoi payer le fuel "

Il fait maintenant le tour des rues aux boutiques hermétiquement closes pour la saison d'hiver. Les gérants sont tous à Courchevel, sans exception et les employés se font bronzer en Thailande ou à la Dominique, aux frais du contribuable. Après tout puisqu'on peut pointer au chômage par internet, il n'y a de raisons de s'en priver et de plus, du travail sur place en hiver il n'y en a pas.
Patrick se promène dans les rues désertées, il regarde les noms des rues, et se souvient: Francois Pelletier officier français, fusillé à Signes, Gabriel Peri, fusillé au Mont Valérien, Despas Jean, fondateur du maquis des maures, Francois Sibilli, Henri Seillon, et tant d'autres, tous morts pour la Patrie.

Il découvre aussi avec admiration de très belles portes anciennes, des niches votives protectrices des propriétaires des lieux, des plaques commémoratives patinées.
On peut affirmer sans se tromper que peu de visiteurs se soucient de ces événements là, ni des fêtes votives, ni du folklore local, la seule préoccupation est de foncer sur le port devant la brasserie Sénequier en espérant voir une vedette de la starac' ou de Koh Lanta, une Loanna ou un chanteur éphémère du petit écran.

On ne s'étonnera donc pas de l'importance capitale que constitue la "
Bravade" pour les Tropéziens de souche, qui trouvent ici l'unique occasion de se retrouver "entre eux exclusivement" de retrouver leur identité, leur fierté et leur passé, en honorant leur Saint Patron.

Patrick reprend la voiture et prend la direction du cimetière marin d'où la vue est d'une beauté à couper le souffle. Juste en bas, la plage des Graniers où il a tant nagé, couru et fait le fou avec les copains.
La plage des Canoubiers n'est pas loin, il s'y rend en garant son véhicule au bord du chemin. Les caniers sont toujours là, préservant la plage et lui conférant son cachet si particulier. Et toujours présents, comme dans son souvenir, les énormes tas d'algues malodorants où il se roulait, se vautrait, faisant s'envoler dans le mistral, des nuages de feuilles brunes.

Un peu loin, la madrague devenue célèbre entre temps, mais notre visiteur solitaire s'en fiche. Il a entendu dire que tout l'été des bateaux plein à ras bord de touristes font la navette devant chez B.B et un peu plus loin devant les villas de milliardaires ou plutôt appartenant à des sociétés qui louent ces demeures pour des sommes dépassant l'entendement. 70.000 euros /mois étant la moyenne pratiquée, et 150.000 si la conciergerie est assurée !

Patrick marche et rêve sur le nouveau ponton à côté de l'école de voile. Il regarde à travers les planches, comme quand il était petit, des fois que, par hasard, un poulpe frileux aurait trouvé refuge sous un rocher immergé, laissant dépasser quelques tentacules.
Le parc à moules a disparu.
Sur la plage, des bateaux sont sagement rangés sur leurs bers. C'est que le mistral , ici, quand il s'y met, vous envoie par le fond n'importe quelle embarcation mal amarrée.
Patrick ne savait pas, à l'époque de son enfance, que la jolie jeune fille à moitié nue, allongée entre les roseaux et remplissant des pages et des pages de son carnet, s'appelait Francoise Sagan et qu'elle écrivait peut-être " bonjour tristesse ". Q'un peu plus loin, tout au bord de l'eau et cachée par d'immenses palmiers, la villa "la palme" d'où s'échappaient les notes d'un piano, abritait le célèbre et discret maëstro Herbert Von Karajan. Et juste à côté, la maison de Julien Duvivier.
Elle est vraiment belle et sauvage la plage des Canoubiers, c'est la plage des tropéziens qui viennent se retrouver et pique-niquer en famille. Elle est, malheureusement devenue célèbre à cause du feuilleton débile "sous le soleil" (le bruit a couru que même tante Victorine a fait de la figuration dans ce navet, elle aurait même été doublure, mais elle prétend que c'était pour rigoler et que ça payait bien)
Il se rappelle d'une vieille dame qui passait matin et soir sur ce chemin, avec, dans son cabas, des boites de conserves ouvertes de ronron et canigou, et distribuant des portions de pâtée pour les chats pourtant bien grassouillets. Il ne savait pas ( et s'en fichait d'ailleurs ) qu'elle était une vraie comtesse, Madame de S.......
Un peu plus loin, au château de la Moutte, une autre Comtesse, tout aussi atypique, Madame la Comtesse Anne Ollivier Troisier de Diaz, petite fille d'
Emile Ollivier, (dont la sépulture se trouve dans un rocher face à la mer) et arrière petite fille de Demosthène Ollivier ardent défenseur de la République. Son appartenance à la lignée de Franz Liszt, l'a incitée à organiser de magnifiques concerts nocturnes et magiques dans les jardins plantés de palmiers, magnolias, pins et vignes. La dite comtesse qui, ayant pris la tête d'une association de défense des plages, n'hésitait pas à aller au charbon en ramassant les mouchoirs en papiers, mégots, peau de melon et carapaces d'oursins, qui salissaient les plages de la Moutte des Salins et des Canoubiers. Elle en profitait quand elle avait du beau monde au château pour leur distribuer des gants en caoutchouc et hop ! tout le monde au turbin !
C'est pas la vie de château ici !
La Comtesse Troisier de Diaz aujourd'hui décédée, a légué la propriété au Conservatoire , non pas de musique mais du
Littoral (pas folle mémé Annette) à charge pour ce dernier de perpétuer oeuvre et mémoire de leurs propriétaires successifs: musée, histoire, culture et concerts classique.

A suivre : Patrick à Ramatuelle ou la gaudinado au "club"


Charles Camoin (1879-1965)

On entend les 12 coups de midi résonner au loin. Patrick a un petit creux, il est temps maintenant de trouver un joli coin pour y déballer son croustet.
Il prend le chemin de Sainte Anne et ne manque pas de s'arrêter à la chapelle d'où la vue est sublime. Le ciel est d'un bleu éclatant, il n'y a pas un nuage à l'horizon, un petit voilier avance péniblement dans le vent, seul son petit tourmentin lui permet de maintenir le cap.
Il met ses pas dans les pas de ces peintres tombés amoureux de l'éblouissante lumière qui illumine le village par temps de mistral. Ils ont foulé le même sol, avec leurs palettes, leurs couleurs, offrant au monde entier des tableaux uniques.
Bonnard, Dufy, Dunoyer de Segonzac, Marquet et le plus tropézien d'entre eux: Paul Signac.



Une violente bourrasque de vent fait tomber la table de camping, un nuage de sable s'envole loin vers la mer. Une petite sieste s'impose quand même avant de de plier bagage.
Patrick trouve une barque retournée dans un coin bien à l'abri du mistral, s'y installe et s'endort très vite.
Soudain: vraoum ! vraoum ! un bruit d'enfer venant du ciel qui l'a projeté à terre.
C'est quoi c'délire ? se dit-il. La réponse lui parvient avec l'arrivée de 2 énormes canadairs.



Et Patrick se souvient de la première fois où il a vu ces monstres d'acier se poser avec tant de maitrise à la surface de l'eau, en affleurer à peine la surface, écoper puis remettre les gaz à fond, accélérer à mort en tentant de redécoller. Il avait eu envie de crier : allez, vas-y ! décolle ! décolle !
C'était ce jour là, il y a bien longtemps maintenant que Patrick s'était dit: moi aussi, un jour j'éteindrais des incendies, je serais pilote ou conducteur au volant d'un camion rouge qui foncerait toutes sirènes hurlantes: pinponpin ! pinponpin ! Je sauverais des vies, je sauverais des maisons et les animaux de la forêt prisonniers des flammes, un jour, moi aussi, je serais: "soldat du feu"

Mais aujourd'hui, il ne s'agit que d'un entrainement de la sécurité civile de Marignane.
Après 3 rotations, écopage - largage, les pilotes retournent à leur base avec leurs pélicans jaunes.
Patrick se rendort, il rêve: il est à côté de chez lui et discute avec son voisin, "a famous English actor" qui lui a permis de parler à la perfection la langue de Shakespeare.



Ils se racontent des anecdotes de cinema, d'inoubliables tirades d'acteurs, des blagues de réalisateurs, des séquences incroyablement osées:



Quand soudain, cette tirade bien réelle:
oh le papet ! faut pas rester comme ça ! vous allez vous ensuquer au soleil !
Patrick bondit en répliquant comme Robert de Niro dans Taxi Driver:
you are talking to me ?
Mais ce n'est que le facteur de Ramatuelle qui vient distribuer des prospectus aux établissements de plage qui, hors saison ressemblent plus à des baraquements de chantiers qu'à des restaurants selects.
Olà ! facteur ! qu'est ce que vous faites donc, y'a dégun ici .
Et le préposé de répondre: Le règlement il dit de distribuer le courrier quotidiennement et dans la boîte réservée à cet effet, alors moi, facteur d'avenir, je respecte le règlement.
Ouah cong !
Oh ! la ! ça roule encore ces engins là
? et très connaisseur, Patrick fait avec le facteur le tour de la moto chargée de 3 sacoches, et datant de Mathusalem. C'est quoi, Motobécane ou Honda 125 CB ? c'est une bicylindre ? vous la démarrez au kick ?
C'est pour cette raison que tous les préposés chargés de distribution en moto ont le mollet droit plus developpé que le gauche.
Ouah cong !
La video ci-dessous n'est pas tout à fait conforme à ce qu'ont connu "les facteurs d'avenir" de l'époque, il manque des sacoches, et celle-ci démarre quasiment au quart de tour !
http://www.dailymotion.com/video/x76501_motobecane-lt3-ptt_auto

"Mais dites donc facteur demande Patrick, je vous ai vu à la télé, vous ne seriez pas le fameux facteur swing" ?
"Eh bé voui, c'est moi"
"C'est donc vous le facteur qui avez crée à vous tout seul le festival de Jazz à Ramatuelle ? En général les facteurs ils sont tous un peu fada, il n'y a qu'à voir le facteur Cheval, où le mien qui finit sa tournée complètement bourré, mais vous ça à l'air d'aller"
"Vous êtes bien gentil vous, merci, répond le préposé à la distribution"


Palais du facteur Cheval à Hauterives (Drôme)

Ne ratez pas le prochain épisode : le facteur fada du jazz.

Paul Signac (1879-1935) le port de Saint-Tropez

Le chemin de Ste Anne mène au carrefour où Patrick va rejoindre Ramatuelle.
Ramatuelle la belle, la rebelle, celle qui a résisté à toutes les pressions financières, magnats d'industries, commerce ou tourisme. Le club med qui a fait des pieds et des mains pour séduire la municipalité dans le but d'installer un club sur un des coins les plus fabuleux et sauvage de Mediterranée: la baie de Briande et le Cap Taillat.
Le maire de l'époque, Mr Albert Raphaël, un homme de la terre et de bon sens confiait à ses administrés: si vous saviez ce que l'on m'offre pour que je lotisse le bord de mer, surtout Pampelonne, ils voudraient en faire une marina baie des anges II. Brave Albert maintenant décédé. Il y en a qui ont eu la chance de le voir à l'inauguration du théâtre Gérard Philippe en 1985 entouré d'une cour de 7 ministres de l'époque, qui avaient sans doute pour arrière pensée pour certains d'entre eux, d'obtenir un petit permis de construire avec vue sur la mer......

Toutes les plages de Pampelonne font partie de la commune de Ramatuelle ce qui fait souvent grincer des dents sa voisine.
Ce qui veut donc dire aussi que toutes les taxes professionnelles des plagistes (une véritable fortune) entrent dans la cagnotte Ramatuelloise, qui les utilisent à très bon escient et à destination d'équipements pour la population locale. Les plagistes sont multimillionnaires, mais ils fulminent en permanence et se battent comme des lions pour demander que leurs rêves se réalisent: que leurs installations soient en dur. Que nenni ! Ce sera: "Installations démontables sur un site remarquable"

Patrick se posera donc à côté du club 55. Il garera sa petite auto tout près de la mer, et sortira son goustaroun pour lui tout seul.
Mais d'abord il ira jeter un oeil sur le petit chemin en face du boulevard du Patch, son coin de cèpes, son bois de pins et sa magnifique vue sur la mer.
Juste après il ira voir si les serres des roseraies de son ami Carbonel existent toujours.
Oui, elles sont toujours là et le commerce en est florissant. Pensez donc un peu ! Vu la clientèle du pays.......

Patrick ne peut s'empêcher de penser à son amie
Mounic, partie prendre les eaux au lac du Bourget. Il se serait bien vu attablé avec elle, face à la mer et partageant un petit verre de rosé gardé bien au frais dans la glacière.

La table est mise, l'eau est encore bien fraiche, la caillette aussi, la poitrine roulée est sèche à point et poivrée comme il faut.
La génoise aux poires est sublime, il ne manque que le petit café qu'il ira donc prendre chez Cauvière. Eux au moins sont ouverts toute l'année, et si on y rencontre un artiste ou une vedette quelconque, on fait comme si de rien n'était.

Il se sent bien là Patrick. Il pense à ses années d'école, à Madame Escriva maintenant disparue qui a tant lutté pour lui faire enregistrer les règles de grammaire et de conjugaison. mais rien à faire, ça ne rentrait pas. Allez donc savoir s'il n'était pas tout simplement dyslexique ? N'a-t-on pas dit d'Einstein le dyslexique,
qu'il était incapable de suivre les cours, de prendre des notes, et de les travailler de façon scolaire. Beaucoup de choses pourraient donc s'expliquer chez notre ami: une grande vivacité d'esprit et de logique, un sens aiguisé pour une critique saine et constante et une remise en question permanente des injustices de ce monde.

Il va faire quelques pas sur la plage, histoire de digérer. Un charnigou maléfique l'accompagne en se régalant d'un restant de pouar roulé.
De gros tas de bois flotté, de planches, de bouteilles plastiques se sont agglutinés sur le bord de mer.
Té, voilà une bien belle planche qui me viendrait bien !
Vé, je vais la mettre dans mon coffre, et puis ce morceau de tronc d'arbre aussi, ça fera bien pour mon barbecue extérieur, et tous ces bouts de bois...allez zou ! embarqué c'est pesé !


Une merveille ce clocher

A suivre: Patrick, et le facteur de .....Ramatuelle

Une grande conversation s'engage entre le facteur d'avenir et notre visiteur nostalgique, F étant le facteur * et P le héros de notre histoire :
F : Alors vous êtes du coin, j'ai vu 83 sur la voiture ?
P : Eh ! bé voui! je viens de l'autre côté de la RN 7
- Alors vous êtes haut varois et moi je suis bavarois ha ! ha ! ha !
- Pour sûr que je suis un vrai provençal, enfin un peu mélangé quand même.
- Eh bé oui, comme tout le monde, un peu de transalpin, un peu de calabrais, un peu de vosgien et un doigt de je ne sais zou.
- Dites facteur, c'est ouvert chez Cauvière ?
- Eh bé oui, toute l'année, c'est pas comme les autres d'en bas.
- Vous voulez dire à Saint-Tropez ?
- M'en parlez pas ! fan caga !
- Vous avez raison, chez nous c'est pareil, fan de pétan !
- Ah ! voui !
- Fatcheudeu ! chez moi là haut, il n'y a plus que des angliches.
- Ici c'est pareil, même aux russes qu'on vend nos terres, qu'on se demande s'il ne seraient pas un peu mafieux, si vous voyez ce que veux dire....
- Allez zou facteur (d'avenir) je vous paie le café chez Cauvière. Vous me camboulez ?
- Je peux pas pourquoi j'ai les sacoches, et pourquoi c'est interdit par le règlement. Allez ! on y va papet, suivez-moi, moi je n'ai pas encore mangé.
- Alors je vous invite pour l'apéro
- OK, mais je ne bois que du sirop à l'eau.
- (Woh ! putain d'Adèle! un facteur qui ne boit pas, celle-là je vais la raconter en arrivant chez moi)

Nos 2 compères se donnent alors R.V au village.

La petite AX de Patrick chargée à bloc de bois flotté, de canes (des roseaux et pas des femelles de canards) qu'il a bien nettoyées avec son Opinel et qui serviront de tuteurs pour ses tomates ainsi que divers autres articles qui "peuvent toujours servir", a du mal à décoller du sable, mais les petites roues finissant par mordre un coin sec la propulse sur la fameuse départementale qu'on a pu voir en long en large et en travers avec le gendarme Cruchot, figure emblématique et représentative d'une certaine culture, la gendarmerie ayant été classée monument historique (atche de ! ça c'est envoyé ! )

* Tous les dialogues sont fictifs et les termes volontairement exagérés. Car, tout le monde sait que ce facteur là est souvent interrogé à la radio, à la télé, par les quotidiens et revues spécialisées, il reçoit également des stars internationales du jazz. On peut donc en conclure que c'est dans le cadre de ses fonctions de postier que ces onomatopées lui échappent. Il est plus que certain qu'il est un ardent défenseur du service public et au service du public, et opposé comme la majorité de ses collègues, aux nouveaux casiers hybrides modulaires et au "cap qualité courrier"
Note de l'auteur:
Et si le véritable but de la modernisation de la poste était tout simplement la suppression de tous les fonctionnaires et qui seraient ainsi remplacés par des intérimaires, des CDD, des vacataires et des sous-traitants ?
Car France Telecom et la Poste, tout comme EDF, étaient des administrations que le monde entier nous enviait, avec du personnel compétent, motivé et un sens aigu du service public. Toutes ces qualités finiront par disparaitre.
Les dirigeants de la poste vont bien finir par nous envoyer chercher notre courrier dans des batteries de boîtes aux lettres situées au bout de la rue.
De plus, avec ces suppressions de petits bureaux de poste non rentables, ce sera la boulangère ou l'épicière du coin qui fera très certainement les opérations sur vos comptes épargne en ayant accès à vos soldes ou vous délivrera le recommandé hyper confidentiel !!! (le postier titulaire est, lui, assermenté et soumis au droit de réserve et au secret professionnel, alors peut-on imposer ces devoirs de fonctionnaire à un commerçant ? )
Pa
.

Photo (complètement irréelle) prise par P. Arnassan Var Matin

Partie de boules Places des Lices où Patrick a certainement joué quand il était petit, mais à l'époque les papys joueurs de pétanque portaient des casquettes et les mamies des robes à fleurs à mi-mollets


Les boules de Karl sont griffées Chanel


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La petite auto de Patrick chargée à mort de ce bon bois déjà salé et qui fumera à merveille les jambonneaux, saucissons et tranches de lard de son fumoir, se hisse jusqu'au sommet du sublime village en forme de coquille d'escargot. Son plus célèbre habitant était Gérard Philippe, mais aussi J.C Brialy, J.Greco, D.Hamilton et Claude Chabrol.
Pendant ce temps, le facteur fonce à son bureau rendre les comptes et les lettres non distribuées.
Patrick attend dans la salle déserte du café, quand le facteur arrive en tonitruant:

" Putaing cong ! font ch... avec leurs casiers modulaires de m.... vivement que je me casse d'ici et que j'aille dans la montagne copiner avec les brebis et les marmottes. Bon, j'ai fait vite, ma reddition de comptes était bonne au cent près, et j'ai peu de réexpédition de lettres en ce moment. Ca sent la saison qui se prépare.
Le préposé à la distribution s'assoit devant son petit noir, ses doigts semblent gratter les cordes d'une contrebasse imaginaire: doung...doung...doung...peut-être celle de Louis Petrucciani, prévu au "festival off en août"
- Mais facteur ....et le jazz ? et l'édition 2010 et 2011 ?
- Pas de problème, j'assure.
- Y'a qui, qui vient cet été ?
- Entre autre il y aura les frères Belmondo et Martial Solal.
- Ouah ! cong ! Il y a déjà eu Dee Dee Bridgwater, Oscar Peterson, et Michel Petrucciani m'a t on dit ?
- S'il n'y avait eu que ceux là ! Lionel Hampton, Count Basie orchestra, Stephane Grappelli trio, et surtout Guy Lafitte l'âme du festival, notre ami, notre amour, notre regret éternel.
- Mais comment fais-tu mon ami pour concilier ta vie professionnelle et ta passion ? (les voilà maintenant à tu et à toi )
- Je travaille à mi-temps et je consacre tout le reste à l'organisation des festivités grâce à la collaboration de ma petite chérie et de ma grande bande de potes. On peut organiser de très grands évènements avec les gens du pays, des bénévoles, des copains, des jeunes inactifs pendant l'été qui, au lieu de traîner en bas sur les plages et faire de mauvaises rencontres, balaient, rangent les chaises, dorment sur place pour surveiller le matos, installent les coussins rouges qui voleront à la fin des concerts pour ovationner les musiciens. Tiens, je me rappelle de ces 2 petits, T.... et L.... les inséparables, à qui on avait confié la mission de placer les invités d'honneur. Et bien la petite était si désireuse de vouloir vite faire et bien faire qu'elle s'est ramassée dans les gradins en ciment mais a continué quand même à distribuer les places aux beaux messieurs-dames tout de blanc vêtu, et avec son sang qui coulait de ses genoux.
- Peuchère, ca me fait peine !
- Bon c'est pas le tout de parler, moi j'ai mon estomac qui crie famine, et je salive rien qu'à la pensée de mon petit gratin dauphinois que j'ai enfourné ce matin avant d'aller au boulot et qui doit être encore tiède à point. Miam !
- Un gratin dauphinois ? Miam !
- Ouais, c'est ma spécialité, même que j'y mets une pointe de couteau de cannelle
* (!) Et en entrée, j'attaquerais par une tranchette de foie gras du sud-ouest, sur tranche de pain de campagne frais à peine grillé. Miam !
- Et en dessert, chef ?
- Léger, léger, deux ou trois boules de sorbet d'argousier du pays d'en haut, et une cuillerée de purée de marron de Collobrières nappée d'un poil de Chantilly. Je te dis que ça ! Miam miam !
- Allez zou ! boulègan ! et à la revoyure, moi je dois m'occuper de mon fumoir à cochonnailles et j'ai un taboulé qui m'attend au frigo, il faut que j'y ajoute maintenant un peu de ma bonne huile d'olive qu'elle est de mes oliviers à moi. Miam !"
Les yeux du "préposé à la distribution- facteur d'avenir -
jazzman" se mettent alors à briller. Miam !

* point d'exclamation ajouté par l'auteure

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Suite et fin


La petite mais toujours bien vaillante AX, repart à nouveau mais en peinant, dans les lacets du col du Grattteloup. C'est que le coffre était rempli de bois flotté, de billots, et aussi de pare-battage et de bouées d'amarrage arrivés par la mer, et qui "viendraient bien" à son copain le pêcheur du lac de Carcès.
Patrick ne cessera jamais de regretter sa vieille 2CV qui se faisait même doubler par des lapins. Son coude porte encore la marque de la partie supérieure de la vitre qui retombait sans cesse. Mais tant pis, cela vous donnait un air baba cool quand vous preniez à fond la rue Allard en direction du port.

Il se réjouit d'avance à la joie de son épouse bien aimée, la belle andalouse, lorsqu'elle découvrira les jolis petits morceaux de bois usés.
Il lui proposera, si elle ne savait qu'en faire, "d'arranger" le tableau représentant un cottage sur fond de prairie, que leurs voisins anglais leur avait offert en échange de tous ces bons services rendus: surveillance du mas, de la piscine et de cadeaux divers et variés échangés tout au long de l'année: olives marinées, mantecaos, tranches de poitrine fumée maison, moules gratinées etc....


Exposition de bois flotté dans un verger.

Quelques deux heures plus tard, Patrick arrive chez lui, mais son épouse est absente. Il lui fera donc la surprise d'un bon feu de ce beau bois bien salé qui va crépiter en jetant milles étincelles dans leur belle cheminée. Ce sera féerique.
Pendant qu'il y est, il fera aussi rôtir les rougets qu'il a achetés le matin au marché aux poissons de la place aux herbes, à J.Paul Jouan un des derniers vrais pêcheurs du golfe.
Mais...chut....elle arrive et pénètre dans la pièce enfumée en toussant à s'arracher les poumons:
- Qué es esta mierda ?
- Qué es este circo ?
- J'ai tout bien balayé toute la journée pendant que Monsieur se promène et me ramène des salissures !
- Et ces bouts de bois tordus, fuera !
- C'est pas moi, c'est une idée de ma petite tante (!) elle a dit qu'elle faisait de belles choses avec.
- Oh ! mais je vois des rougets grillés, alors on va bien se régaler, je vais vite mettre la table et on boira une lichette de ce bon rosé que
la mémé mounic nous avait apporté. Allez va ! tu es pardonné mi amor !
Ceci est une fiction, si le personnage principal se reconnaissait, c'est pas lui.