Ricard 2

PATRON, UN RICARD !


Le grand père de mon mari disait toujours: le pastis c'est bon pour la santé parce que c'est fait avec des plantes.
Ce en quoi il n'avait pas tout à fait tort.

Le jeune Paul Ricard, fils d'un marchand de vins, amoureux d'arts et de peinture mais confronté à l'obligation de gagner sa vie, a eu l'idée d'inventer "quelque chose".
Il ne savait pas alors quel avenir extraordinaire lui serait réservé.
Dans la soupente familiale, il bricole ses mélanges, distille, fait les tournées des cafés marseillais, fait goûter et note les impressions.
300 000 bouteilles de vrai pastis de Marseille sont vendues la première année.
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le petit s'amuse dira de lui son grand père.
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ce n'est qu'un feu de paille diront ses concurrents.
Il commence à embaucher pas mal d'employés qui feront partie toute leur vie de la grande famille Ricard.
Paul est un "rêveur de bon sens, un meneur d'homme, un visionnaire pragmatique"
Il avait un besoin viscéral de vivre dans une société solidaire et amicale.
Sa conviction, celle pour laquelle il se battra toute sa vie, est:
l'entreprise est l'affaire de l'ensemble de ceux qui y travaillent.
Dès 1938, il distribue alors des actions gratuites à tous ses salariés, leur permettant ainsi de devenir gardiens de leur société, devenir des associés.
Ces derniers préfèrent réinvestir les bénéfices de leurs actions, dans la société plutôt que d'emprunter aux banques.
Un homme simple et honnête, insensible aux honneurs.
Ses "collaborateurs-employés" partiront tous ensemble en congés à la mer ou à la montagne, iront en paquebot en Corse, en train pour Rome.
"Patron paternaliste" diront les communistes, "Révolutionnaire communiste" diront les patrons.
En même temps que les congés payés et la pétanque, les français découvrent le pastis. Pendant ses temps libres, Paul s'adonne à sa passion première: il peint.

1940: le jeune patron et toute son équipe sont mobilisés au front.
Un an plus tard c'est la débâcle, l'armistice, et cette terrible nouvelle pour les rescapés: le gouvernement de Vichy frappe d'interdiction, le pastis.
Tous se retrouvent sans travail, incapables de nourrir leur famille.
Paul, possèdant 1200 ha de landes en Camargue et une source d'eau en Ardèche fera l'annonce suivante devant le personnel réuni au grand complet "
puisque nous ne pouvons plus faire de pastis, une partie d'entre nous ira en Camargue exploiter une ferme, cultiver du riz, et l'autre ira en Ardèche produire du jus de fruits"
Par la suite, motivé par les besoins de logement de ses employés, il crée une société immobilière et déclare: Il est scandaleux qu'un salarié paie un loyer toute sa vie et ne puisse devenir propriétaire de son toit.
Passionné de voile, de peinture, il rencontrera les plus grands artistes comme Salvador Dali, naviguera avec Tabarly, créera avec Alain Bombard l'institut océanographique de l'île des Embiez.
Paul Ricard a affronté avec un grand courage le très célèbre commandant Cousteau dans l'affaire du déversement
des boues rouges en Mediterranée, décharge idéale.
Cousteau procédait avec sa calypso à des essais, afin de prouver l'innocuité des déchets produits par l'extraction de l'alumine à partir de la bauxite, sur la faune sous marine.
Il a même fait une démonstration sur le port de Cassis où il versait des boues rouges dans un aquarium contenant quelques poissons. Ces derniers n'ayant pas de réaction, la conclusion sur l'innocuité des boues a été tirée (selon l'association Robin des bois)
Paul Ricard crée à cette occasion un comité de défense et de vigilance des baies du soleil en multipliant, rapports, pétitions, manifestations et conférences de presse.

(2011: les boues rouges continuent d'être déversées au large de Cassis par l'usine
Pechiney, parce que le stockage sur terre revient trop cher, autorisation accordée jusqu'en 2015)




Ma plus belle oeuvre aura été de planter des arbres.


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