Trisomie 21

LES INTOUCHABLES ? ET APRES ?


Je n'ai pas encore vu le film, il paraît qu'il est très très bien, très émouvant et qu'il faut absolument aller le voir. J'ai su que Omar Sy n'a pas rencontré Sarkozy et j'ai envie de lui dire qu'il a eu tort.
Il y a tellement de choses à dire sur l'intégration des handicapés physiques ou mentaux dans l'école, la vie active, et plus simplement sur le regard des gens "normaux" sur eux.
La LOI existe, mais le problème vient aussi des enseignants qui ne cessent de demander des MOYENS SUPPLEMENTAIRES pour accepter en classe même un seul enfant à problème, des parents qui font des pétitions pour que leurs enfants ne côtoient pas des petits gagas, des entreprises gênées pour embaucher un travailleur handicapé (ils prendraient bien le pognon, mais pas le handicapé)
Omar Sy aurait pu dire à Sarkozy:

- Ne me donnez surtout pas la légion d'honneur, mettons nous autour d'une table avec tous les partenaires sociaux, et parlons de ce que nous pourrions faire pour que tout cela change.
Quelle merveilleuse tribune cela pourrait être!

Pour comprendre mon propos, je vais vous raconter un fait qui s'est produit dans ma propre famille, un peu avant les vacances australes en décembre 2011 dans notre dernier 101 ème département français, Mayotte.

La petite M.......trisomique, est inscrite dans une petite école maternelle de P.
L'enfant est heureuse et part à l'école en courant pendant la première quinzaine.
Un jour la maman qui faisait des courses en vélo, se dit: "tiens, puisque je passe devant l'école, je vais aller voir comment joue M..... avec ses copines.
Elle s'avance devant le portail, et regarde à travers les barreaux.
Elle aperçoit sa fille, allongée par terre et une vingtaine d'enfants autour d'elle qui crie et appelle les autres "pour qu'ils voient qu'elle a fait caca sur elle"
La maman voit les dames de service assises à l'ombre. Elle appelle, crie, hurle mais face à un tel brouhaha personne n'entend.
10 mn s'écoulent.
Folle d'inquiétude de colère et de chagrin, elle fait le tour du bâtiment, pénètre dans la cour, relève sa petite. Elle voit dans son regard une détresse infinie. (témoignage de la mère aux autorités administratives:
J'ai vu dans le regard de ma fille qui ne parle pas encore très bien, que personne ne l'avait aidé.
- Les dames de service se précipitent:
-
Madame, vous n'avez pas le droit de pénétrer ici !
- Appelez immédiatement un responsable !
- C'est le directeur, mais il est pas là !
- Qui est responsable, et si un enfant crève l'oeil d'un autre ?
- C'est le directeur ! mais il est pas là !
La maman avec sa fille dans ses bras, pénètre vivement dans le premier bureau ouvert.
L'enseignante en train de téléphoner repose vivement le téléphone en protestant.
-
Que faites-vous là Madame?
- Et vous, Madame, vous ne surveillez donc pas la cour ? où est le directeur ? je reprends ma fille, ses affaires, et j'alerte les services ASH (adaptation scolaire élèves handicapés) du Rectorat de Mayotte.

Extrait du témoignage demandé et expédié aux services administratifs:

"Je suis très triste et troublée par cet incident, surtout de la conception du personnel pédagogique, de leurs devoirs envers les enfants qui leur sont confiés.
Je ne confierai plus jamais mon enfant, qu'il soit handicapé ou non, à la maternelle P...
Je tiens à préciser que ce serait la même chose si mon enfant avait été , non pas la victime, mais la coupable, j'en aurais été émue de la même manière.
Nous, parents, nous essayons d'inculquer à nos enfants nos valeurs d'empathie, de solidarité, de bonté et de générosité. Alors co
nstater que cette éducation est foulée aux pieds au cours d'une simple récréation représente une véritable douleur et une grande inquiétude"

Aujourd'hui M....a la chance inouïe d'être dans une jolie petite école d'un autre quartier où les enseignants instruisent, enseignent la morale et l'aide aux enfants différents.
L'affaire a fait très grand bruit et n'a pas été sans conséquences pour le personnel enseignant (et non municipal) absent mais responsable des récréations.

Et pour tous ces spectateurs qui sortent du cinéma, emplis de bons et nobles sentiments que leur a inspiré le film, le regard sur les handicapés aura t-il changé ?
Et bien, moi je n'y crois pas du tout.
Classement au box office, nombre d'entrées, réception à l'Elysée, sans doute des rosettes au revers des vestons, c'est tout ce qu'on retiendra du film, avant d'en vite passer à un autre plus rentable encore.
Certains en exprimant leurs voeux pour la nouvelle année ont demandé que règnent sur la terre: paix, bonté, générosité, compréhension etc... A ceux-là je peux dire que ces valeurs et sentiments, ils peuvent les exprimer immédiatement dès le seuil de la porte franchie, sans qu'aucun jugement ne soit porté sur l'autre, et ça c'est le plus dur.
Aux enseignants je dirais: regardez-vous.
- Est ce que votre enseignement vous satisfait ?
- Etes vous fiers comme les premiers instits lorsque leurs enfants réussissaient le certificat d'études ?
- Etes vous heureux lorsque Mohamed, Jacinto, le petit hyperactif et le handicapé mental sont bien intégrés ?
- Pourriez-vous accepter en classe un ou deux jours, l'enfant handicapé mental, en cas d'absence de son aide de vie scolaire ?
- Pourquoi ne pas pratiquer dans une classe le tutorat ou le parrainage d'un enfant différent ?
- Pourquoi ne pas développer la coopérative à l'école avec ses réunions où chacun peut s'exprimer individuellement et où la décision finale est prise collectivement ?
- Pourquoi ne pas faire le voyage de "fin d'année" au début de l'année avec un projet bien étudié et dont le sujet est au programme scolaire, afin et surtout de souder sa classe (c'est vrai qu'un voyage à Dysneyland organisé par un tour-opérator scolaire ne demande pas beaucoup d'investissement personnel)
Oui, j'ai le droit de publier ma colère et également mes propositions, pour la bonne raison que je paie des impôts, participant ainsi au fonctionnement du budget de l'Etat. Je vois bien que les enseignants sont malheureux, ils s'enfoncent dans une impasse d'où ils ne sortiront pas, leur seule revendication appuyée par leurs puissants syndicats est de réclamer toujours et encore plus, moins d'élèves et plus de moyens, ce qu'ils n'obtiendront pas vu la situation actuelle.
(des évaluations sur leurs recrues et des statistiques publiées récemment par l'armée, mettent en évidence une forte baisse du niveau scolaire général en français et en math, que ce soit dans les villes ou les campagnes)
Personne ne sait d'ailleurs si avec des classes de 20 élèves, chaque enfant atteindrait le niveau demandé.
Si la mission des enseignants est d'instruire les enfants qui leur sont confiés, leur vocation est de les éduquer pour en former des citoyens.

Ces enfants "différents" feront partie de notre entourage, deviendront des adultes demandeurs d'une vie familiale, normale et ordinaire comme tout un chacun.
Il faut donc commencer le plus rapidement possible à se soucier de leur devenir, leur future citoyenneté, et cela commence (malheureusement pour eux) par les instits des petites classes.

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